L’expérience du tunnel LEP/LHC (2000 m3/jour rejetés)
Des zones à éviter en l’absence de solutions acceptables ?
Nous avons jusqu’à présent informé les habitant.e.s sur le projet du CERN, en dénonçant ses impacts, tant globaux que locaux, aussi bien sur le territoire que sur l’environnement en général, la démesure et le flou des raisons de sa construction. Maintenant il est l’heure d’aborder plus en détail certains des risques naturels potentiels, car ceux-ci ont déjà été rencontrés lors du creusement du tunnel LEP/LHC (circonférence 27 km) sans qu’une solution satisfaisante ait été trouvée pour les résoudre. Rejets de 2000 m3/jour d’eaux souterraines dans le LEP/LHC depuis 35-40 ans : Le CERN est à ce
jour, toujours incapable de maîtriser des venues d’eau souterraines d’origine karstique sous haute pression à l’intérieur du tunnel LEP/LHC et ce depuis 35-40 ans car la voûte du tunnel se fragmente sous l’effet de la pression de la colonne d’eau exercée. Les volumes rejetés en surface sur la commune de Crozet (Ain) sont de l’ordre de 2000 m3/jour ce qui :
– Diminue le débit du cours supérieur de l’Allondon jusqu’à l’assèchement sur une partie de
son parcours en période d’étiage l’été,
– Diminue aussi la recharge par la rivière de la nappe phréatique d’accompagnement
exploitée pour l’approvisionnement en eau potable de la commune de Crozet.
Le CERN n’a jamais été inquiété par les autorités administratives :
Le problème n’a été connu qu’après l’approbation du projet, donc le CERN n’a jamais été inquiété pour le résoudre de manière acceptable, alors qu’il en avait la possibilité, quand le projet s’est transformé de LEP
à LHC vers 1998. Ceci s’est donc passé dans l’indifférence des élus locaux (certains employés du CERN étaient membres et même président de la régie des eaux gessiennes de l’époque)
des administrations préfectorales DDT et DREAL, le CERN étant sans doute trop grand pour être inquiété. Nous sommes encore à ce jour, confrontés à un fait accompli que nous
jugeons inacceptable à l’heure du réchauffement climatique. Sans nos révélations de ce jour, sans doute personne n’aurait pris connaissance de cette information car oui il faut le re-dire le CERN est incapable de maitriser des venues d’eau souterraines à l’intérieur du tunnel alors que récemment ce même CERN se vantait de vouloir nous révéler la nature du sous-sol du bassin genevois (réunion de Saint Julien le 6 Février 2025). Alors qu’en sera-t-il avec le tunnel FCC, deux fois plus profond (200 mètres de profondeur en moyenne) et trois fois plus long (91 km) ? : Le projet FCC comporte des zones à risques importants que le CERN s’est bien gardé de révéler au public en étant extrêmement minimaliste lors des réunions publiques d’information de Décembre 2024. L’information sur l’ampleur des risques existants est subtilement et discrètement publiée dans la documentation interne CERN, mais seul un expert avec la connaissance locale en géologie peut la trouver, l’interpréter et surtout la quantifier.
Réponses préliminaires du CERN inquiétantes :
D’ailleurs, nous avons raison de nous inquiéter car les réponses déjà apportées par le CERN nous indiquent que si une voûte béton
imperméable n’est pas garantie dans le tunnel FCC aux endroits susceptibles de rencontrer
de l’eau, il laisserait cette eau s’écouler par gravité (le plan du tunnel étant en pente douce)
jusqu’à ce que cette eau soit pompée et rejetée en surface au puits d’accès le plus proche en
aval comme ce que fait déjà le CERN dans le tunnel LHC.
Régions à risques : Massif de Mandallaz et proximité :
Si le FCC se faisait, les risques les plus importants seraient rencontrés lors de la traversée du futur tunnel à travers le massif de Mandallaz. C’est dans cette partie Nord de cette montagne que se trouve la source d’eau tiède de La Caille (eaux thermales exploitées au XIXème siècle, 600 m en aval du pont suspendu de La Caille au bord de la rivière Les Usses). D’autres sources existent à proximité
provenant du massif de Mandallaz indiquant un écoulement du Sud vers le Nord jusque dans la rivière Les Usses. Donc il y a une forte probabilité d’intersecter des failles aquifères lors du
creusement du tunnel, ce qui entraînerait une perturbation importante de l’écoulement des eaux souterraines et des résurgences en surface avec les conséquences que cela implique.
Régions à risques : Périmètre sur Challex-Dardagny-Russin :
En se rapprochant du Jura, la
molasse imperméable qui recouvre les calcaires est moins épaisse. Des eaux karstiques sous
haute pression provenant des calcaires peuvent donc être rencontrées dans le tunnel si la
profondeur des calcaires est moindre que prévue. La campagne de forages prévue par le
CERN aura pour but de connaître à quelle profondeur se trouve les calcaires vis-à-vis de la
profondeur du tunnel souhaité dans le modèle théorique.
Régions à risques : Traversée du Petit Lac :
La traversée du lac Léman ainsi que la traversée du Rhône à Pougny peuvent se révéler à risque pour l’eau si la supposée molasse
imperméable est moins épaisse que prévue ou affectée par des failles non-étanches ; cependant, ce n’est pas le scénario le plus probable.
Campagne de forages sur Suisse retardée en attente d’autorisations administratives mais le rapport de Faisabilité par le CERN bien prévu pour la fin Mars 2025 : Alors que les
autorités administratives sur Suisse tardent à approuver les campagnes d’acquisition sismique et de forages sur terre et sur le lac, le CERN s’apprête tout de même à rédiger son
Rapport de Faisabilité comme initialement prévu, pour la fin Mars 2025. Bien que ce rapport serait mis à jour au fur et à mesure des résultats de forage nous nous inquiétons car nous
pouvons très bien nous retrouver devant le fait accompli même si une nouvelle configuration du futur tracé (ou une annulation complète du projet ) devait s’avérer
nécessaire si le modèle géologique après forages l’imposait.
Le CERN pourrait toujours choisir d’ignorer la nécessité de revoir l’inclinaison et le diamètre à la baisse du futur tunnel FCC, considérant les risques environnementaux comme
négligeables comme ce fut le cas pour le tunnel existant, ce qui est pour nous totalement inacceptable. De plus comme beaucoup des forages seront déjà terminés courant 2025 et situés sur le périmètre théorique retenu, cela peut créer une justification supplémentaire pour ne pas dévier de cette trajectoire et de réaliser coûte que coûte le projet FCC